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mercredi 21 novembre 2012

Professeurs des écoles : le burn-out des débutants


La Lettre de l’éducation publie une interview de Laurence Bergugnat, maître de conférences en sciences de l’éducation. Celle-ci parle d'une étude menée sur l’épuisement professionnel des enseignants débutants par sept chercheurs en sciences de l’éducation et en psychologie de l’université de Bordeaux II-IUFM d’Aquitaine. Ces derniers ont suivi une cohorte d’enseignants débutants pendant 3 ans, de la fin de leur formation à l’IUFM en 2008 à la fin de leur 2e année d’affectation. Soulignons qu’il s’agit donc d’une cohorte qui n’a pas subi de plein fouet la masterisation, la désastreuse réforme du ministre Chatel (on peut donc légitimement penser que les résultats obtenus pour ceux de 2008 seront bien pire pour les cohortes suivantes). L’échantillon initial se composait de 744 stagiaires de tous les IUFM de France, dont 45 % de professeurs des écoles, qui ont été interrogés six fois au cours de la période. Le travail est allé en se simplifiant pour les chercheurs puisque il ne restait que 84 “survivants” à l’arrivée. Soit une déperdition de près de 90 % de l’effectif initial ! On comprend que le ministère ne donne aucune statistique sur les abandons des (jeunes) enseignants. La question des démissions, année après année, reste l’objet d’une véritable omerta…

Voici ce que dit Laurence Bergugnat (passages mis en gras par nous) : 
« Notre étude montre des signes plutôt élevés d’épuisement professionnel, puisque 9,14 % des enseignants sont en burn-out au cours leur première année d’exercice. Ce phénomène se caractérise par trois symptômes : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation de la relation avec les élèves - l’enseignant ne supporte plus l’élève ; il est incapable de lui manifester de l’empathie, de la bienveillance, et développe une attitude cynique, de rejet ou d’humiliation. Le troisième symptôme est le non-accomplissement : l’enseignant ne se réalise plus dans son travail. Ce sont les professeurs des écoles qui souffrent le plus d’épuisement émotionnel : 54,80 % d’entre eux sont concernés, contre 39,40 % des professeurs de collège et de lycée, 37 % des professeurs de lycée professionnel. »
Il est intéressant de noter que « c’est en agissant en amont, sur les sources de stress – telles que la surcharge de travail, la difficulté scolaire, le décrochage, l’hétérogénéité des classes, les dysfonctionnements de l’institution, le manque de valorisation, les conflits relationnels et le manque de respect des élèves - que l’on construit un climat scolaire de qualité. » Donc les sources de stress sont bien connues et inventoriées, même si rien n’est fait de sérieux pour y remédier au sein de l’Éducation nationale.

D’après Laurence Bergugnat, « les enseignants en burn-out font souvent le récit d’un enseignement traditionnel, qui exclut, isole, exige des élèves qu’ils restent tranquilles ». Ce qui n’est sans doute pas faux parce que  «  les enseignants en burn-out amènent leurs élèves à se sentir plus compétents ». Ils ont donc le souci de l’efficacité de leur enseignement : «  Le burn-out est corrélé à des antécédents personnels, en particulier le sentiment d’efficacité et les représentations du métier. » Par conséquent, les enseignants constructivistes sont moins victimes de burn-out, puisque dans les pédagogies “actives” l’efficacité de l’enseignement est loin d'être un enjeu crucial.

D’ici à ce que les chercheurs recommandent aux jeunes instituteurs de prendre leur métier avec moins de sérieux, d’exigences et d’ambition, il n'y a qu'un pas. À titre prophylactique bien sûr…

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