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vendredi 9 février 2024

Durée des ministres de l'Éducation nationale

 


vendredi 12 janvier 2024

Durée des ministres de l'Éducation nationale

 


mardi 25 avril 2023

La grande déconstruction de l'éducation (Nicolas Baverez)

 Source : Le Figaro, 24.04.2023




L'effondrement du système éducatif contribue à expliquer le vertigineux décrochage de la France. La crise est devenue systémique. Elle se traduit en premier lieu par la chute des performances. La France ne cesse de reculer dans le classement Pisa, passant depuis 2000 des 15e et 11e rangs aux 23e et 25e en lecture et en mathématiques : plus de 40 % des collégiens de sixième ne maîtrisent ni la lecture, ni l'écriture, ni le calcul. Elle touche aussi les enseignants, avec, d'un côté, la progression des démissions et la pénurie des recrutements, et, de l'autre, l'écroulement de leur niveau. Elle comporte une dimension sociétale, avec la montée des inégalités, mais aussi l'explosion de la violence dans les établissements scolaires, qu'il s'agisse de rixes entre élèves, de harcèlement ou d'agressions contre les professeurs, avec pour dernière illustration le meurtre d'une enseignante d'espagnol à Saint-Jean-de-Luz. Elle se transforme en faillite intellectuelle et morale avec la remise en cause des valeurs de la République.

Le naufrage éducatif français ne trouve pas son origine dans le manque de moyens, puisque le budget s'élève à 60,2 milliards d'euros pour 12 millions d'écoliers et lycéens. Au total, la France consacre 5,2 % de son PIB à l'enseignement scolaire, ce qui est au-dessus de la moyenne de l'OCDE (4,9 %). Les raisons sont à chercher dans une centralisation paralysante et l'absence d'autonomie des établissements, dans la rigidité du statut des enseignants, l'insuffisance de leur formation et le décrochage de leur rémunération (- 28 % en termes réels de 1982 à 2018), dans la diminution drastique des heures d'enseignements fondamentaux, dans la rupture avec la transmission des connaissances et l'éthique du travail au profit de l'empathie envers les élèves et de la satisfaction des familles dans une logique consumériste.

Emmanuel Macron a donné un formidable coup d'accélérateur à la déconstruction de l'Éducation nationale en actant la substitution de l'objectif de la mixité sociale à la transmission des connaissances et en euthanasiant le mérite pour le remplacer par les algorithmes. Le dédoublement des classes en CP dans les zones prioritaires et la relance de l'apprentissage ont permis des progrès dans l'apprentissage de la lecture et dans la lutte contre le chômage des jeunes. Mais leurs effets ont été annihilés par la désastreuse réforme du lycée qui a fait éclater les classes et a détruit l'enseignement des mathématiques et des sciences ainsi que par la liquidation des filières et des établissements d'excellence.

Pap Ndiaye a été nommé pour donner le coup de grâce à l'école républicaine, ce dont il s'acquitte avec une remarquable efficacité. Alors que dans le monde entier, le succès de l'enseignement est fondé sur des établissements autonomes disposant d'un projet et d'une capacité à choisir leurs enseignants et leurs élèves, ce sont les algorithmes qui décident de tout dans notre pays. Ceci permet d'imposer en toute opacité et avec une fausse objectivité la discrimination positive et de supprimer toute prise en compte du travail et des résultats des élèves. Face à l'effondrement du secteur public, le choix est assumé non de le redresser mais d'étendre aux établissements privés les recettes de sa faillite. Comble du cynisme, le Conseil des sages de la laïcité, organisme indépendant qui veillait à la sauvegarde des principes républicains et soutenait les communautés éducatives, est dévoyé pour être transformé en un instrument de communication du ministre au service de la diffusion du wokisme et de la lutte contre le « racisme systémique ». Le tout est acheté par une revalorisation du salaire des enseignants qui va mobiliser 5 milliards d'euros par an sans aucun effet sur la qualité de l'enseignement.

Le résultat de cette politique est connu. L'effondrement généralisé des établissements publics et privés sous contrat se traduira par l'essor du privé hors contrat et des études à l'étranger, accessibles aux seuls enfants des familles les plus favorisées - clivage qui va devenir déterminant dans la jeunesse et la population et qui fera définitivement éclater la nation. Le plus grand nombre sera voué à l'ignorance, à l'inculture et à la déqualification tout en accédant à des diplômes réduits à des chiffons de papier. Avec pour conséquences des emplois déqualifiés, l'accumulation d'un formidable ressentiment social nourri par ce grand mensonge éducatif, la flambée des populismes.

La déconstruction de l'Éducation nationale est en tout point comparable à la décomposition de notre système de santé, où l'objectif du reste à charge zéro a tué l'accès aux soins et leur qualité. Il n'existe pas de solution à la crise démocratique sans remise en marche de l'éducation. Et il n'existe pas de solution à la crise de l'éducation sans sa reconstruction autour de la transmission des connaissances, de la reconnaissance du travail – pour les élèves comme pour les enseignants –, du respect des valeurs universelles de la République.


lundi 12 décembre 2022

Le niveau des professeurs des écoles en chute libre

 Source : Valeurs Actuelles


Des professeurs des écoles « incultes » ? C’est le jugement sévère qu’émet le jury des professeurs des écoles à la suite de la publication des résultats du concours validant le recrutement des enseignants du primaire. Ainsi, Marianne se fait l’écho, le 9 décembre, des nombreux recteurs d’académie qui déplorent une baisse généralisée du niveau des professeurs des écoles.

Dans leurs rapports, les correcteurs dénoncent le manque inquiétant de manque de culture générale des candidats ainsi que leurs nombreuses lacunes en orthographe, mathématiques, ou l’utilisation fréquente de références douteuses. « Très peu de candidats citent des sources qui permettraient de démontrer une culture personnelle, déplore le rapport de l’académie de Lille. Certains le font en se trompant d’auteur, en citant une émission de télé-réalité ou des dessins animés de Disney. Une petite minorité est en mesure de citer quelques lectures personnelles. »

Les correcteurs s’étonnent également « du manque de maîtrise de la langue française », relevant « énormément d’erreurs orthographiques, des fautes de syntaxe et des expressions familières », indique le même rapport. « La ponctuation est absente de certaines copies, les virgules, d’une manière générale, sont peu utilisées. » Marianne cite ainsi l’exemple du mot “chancelant”, que « très peu de candidats » sont en mesure de définir et d’utiliser à bon escient, « au grand étonnement des correcteurs, puisque le contexte était fortement aidant ».

La majorité des candidats de l’académie de Lille relient cet adjectif (qui signifie “vacillant”) au radical “chance” ou “chant”. Pour sa part, le jury de Besançon fustige « les mots familiers tels que “cool” », qui « n’ont pas lieu d’apparaître dans une copie de concours qui vise à recruter de futurs experts qui auront en charge d’enseigner la langue française aux plus jeunes élèves »

Dans la cité phocéenne, les candidats obtiennent une moyenne générale de 1,84 sur 4 pour la partie « lexique et compréhension lexicale ». Dans une note consultée par Marianne, le jury explique que « le point faible des candidats demeure le lexique. Cela avait déjà été observé l’année dernière, mais le constat est à nouveau alarmant cette année, en atteste la moyenne obtenue à cette partie ». Les correcteurs se montrent très sévères et fustigent « l’inculture littéraire et artistique de nombre de candidats »

Alors que la France fait mine de vouloir se réindustrialiser, la maîtrise des mathématiques par les candidats est quelque peu… chancelante. Le jury de Besançon note même que « le nombre de copies affichant des non-réponses est en nette augmentation », alors que le sujet est jugé « accessible » et que les « formules de calcul sont données ». Les résultats médiocres des aspirants professeurs interrogent les correcteurs « sur la qualité de maîtrise par les candidats des contenus des programmes de l’épreuve et des notions mathématiques convoquées ».

Des relâchements dans la maîtrise de la langue se font également sentir, puisque « des expressions familières, une grande impropriété lexicale, une langue pauvre, au lexique répétitif et sans pertinence, ainsi qu’une mauvaise orthographe » parsèment les copies de mathématiques. L’académie de Strasbourg note ainsi que de « très nombreux candidats ne connaissent pas la définition d’un nombre décimal ».


mercredi 26 octobre 2022

Livre : L'envers de l'école inclusive (Magali Jeancler)


L’une des évolutions importantes de la politique scolaire est ce que l’on appelle « l’école inclusive », c’est-à-dire l’intégration dans les classes normales d’enfants souffrant de handicaps divers, autrefois confiés aux classes ou institutions spécialisées. Noble idée, mais dont la mise en œuvre ne va pas sans soulever de considérables problèmes. Magali Jeancler, professeure des écoles, a acquis, au fil des années, une expérience fournie des difficultés auxquelles se heurte cette démarche d’inclusion. Elle les expose dans ce livre, en mêlant témoignage et analyse, avec un souci d’humanité servi par une langue limpide, qui rend son texte poignant. C’est une plongée dans la boîte noire qu’est devenue l’institution scolaire qui laisse le lecteur sur une impression de vertige, tant il montre combien nous sommes ignorants des réalités d’un univers que nous pensions familier.

Feuilleter le livre


samedi 8 octobre 2022

[Entretien] Jean-François Braunstein : “Le wokisme est une attaque délibérée contre toutes les valeurs des Lumières”

 


Source : Valeurs Actuelles, n° 4479

L’INCORRECT

[Entretien] Jean-François Braunstein : “Le wokisme est une attaque délibérée contre toutes les valeurs des Lumières”

Venue des États-Unis, une idéologie hostile à la science cherche à s'imposer, alerte Jean-François Braunstein. Entretien.

Par Anne-Laure Debaecker


Iel est là-bas, je vais lea chercher« les mathsrationalité » veut tout emporter sur son passage et « l’idéologie woke n’est pas qu’un snobisme passager et sans conséquences », avertit Jean-François Braunstein dans un essai fouillé et très clair. Le philosophe, essayiste et professeur émérite de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne, analyse comment une idée devenue dogme séduit universitaires et penseurs. Il révèle une terrible déconstruction de la pensée sous prétexte de justice sociale, à travers la théorie du genre et la théorie critique de la race. L’intellectuel, mis à l’index pour ses prises de position, s’appuie sur de nombreux textes et thèses pour dénoncer un endoctrinement qui fait rompre avec le réel. Un ouvrage essentiel.

Valeurs actuelles. Au mois d’août, une affiche du Planning familial représentant deux hommes en couple dont un “enceint” suscitait la polémique. Qu’en pensez-vous ?
Jean-François Braunstein. Le Planning familial était une institution dédiée à la lutte pour l’avortement et la contraception. Or, prise en main par des militants radicaux, elle est devenue une officine woke en prétendant que les genres sont interchangeables. Outre cette affiche, le Planning familial a publié un “lexique” hallucinant expliquant, par exemple, que le pénis n’est pas un organe masculin.

​Ce qui est inquiétant, c’est que la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes ait soutenu le Planning familial, sous prétexte que refuser l’affirmation selon laquelle un homme peut être enceint est transphobe, alors qu’il s’agit du b.a.-ba de la réalité biologique. Ce qui est également préoccupant est que le Planning familial fait partie des associations habilitées à intervenir dans les écoles pour des formations sur la sexualité et risque d’y diffuser ces idées absurdes. Avec cette affiche, on a le résumé de la théorie du genre, cette volonté de substituer à la réalité biologique une réalité fondée sur les seules consciences. Si je suis une femme mais que je décide d’être un homme, alors je le suis et tout le monde doit faire comme si je l’étais. C’est très destructeur car cela suppose qu’on nie la biologie et qu’on efface le monde réel.

Pourquoi la théorie du genre est-elle au cœur de la pensée woke ?
D’abord, parce que c’est la première à être apparue et qu’elle sert de modèle aux autres théories woke. Ensuite, parce qu’elle a une visée universelle : elle peut être exportée dans tous les pays, dès lors que l’on y distingue les hommes et les femmes, alors que la théorie critique de la race ou la théorie décoloniale ne valent que pour des pays concernés par ces questions.

​Plus profondément, ce qui séduit dans la théorie du genre, c’est la promesse d’une émancipation ultime, celle du corps. Ce qui compte essentiellement est la conscience : on peut décider qu’elle est dans le mauvais corps et qu’il faut donc changer le corps plutôt que la conscience. Le corps est considéré comme négligeable, comme dans la gnose, cette hérésie chrétienne du IIe siècle qui estimait que le corps, c’est le mal dont il faut se libérer. On retrouve ici certains traits du transhumanisme contemporain qui pense que le corps est de la “viande” et qu’il est urgent que la conscience s’en débarrasse. On entre ainsi dans un monde d’illusion auquel il nous est demandé d’adhérer. Si cela peut se concevoir pour des adultes consentants, il n’est pas admissible que l’on demande à des enfants d’aller contre le témoignage des sens et le langage, en nommant homme celui qui est femme ou inversement.

​Ce qui est particulièrement inquiétant est que ce monde d’illusion généré par la théorie du genre colle parfaitement avec le monde virtuel de l’Internet, où l’on peut changer d’identité d’un simple clic. Le Covid a d’ailleurs accentué cette perte de contact avec la réalité. Et le business model cynique des Gafam vise à proposer le monde virtuel du metaverse à tous ceux qui ont des “vies pauvres, tristes et sans intérêt”, en réservant le “privilège de réalité” aux élites.

Il y a un paradoxe dans le “wokisme” : la théorie du genre veut faire primer la culture sur la nature, or la théorie de la race se focalise sur un élément de la nature, la couleur de peau. Comment expliquer cette incohérence ?
​C’est effectivement étonnant car, suivant la logique de la théorie du genre, on devrait pouvoir se déclarer d’une autre race comme on se déclare d’un autre sexe. Mais ce changement-là est inacceptable car, pour les wokes, le fait d’être noir est la victimisation ultime. Un Blanc qui voudrait être noir, comme dans l’affaire Rachel Dolezal, c’est selon eux une plaisanterie indigne. De plus, alors que le changement de genre est individuel, le changement de race conduirait à remettre en question non pas seulement un individu, mais une race opprimée.

Vous évoquez des aspects religieux et mystiques. Pourquoi choisir le terme de religion pour parler du wokisme, notamment dans le titre de votre essai ?
​Le terme “religion” s’est imposé à moi face à l’enthousiasme et à l’exaltation des wokes, dans les universités notamment. Leur prosélytisme, leur refus de l’argumentation, leur rejet des “impurs” m’ont rappelé les aspects les plus négatifs d’une religion. Les wokes, c’est-à-dire les “éveillés”, ont le sentiment de voir du jour au lendemain le monde autrement, et de détenir une nouvelle vérité qui périme toutes les vieilles croyances.

​Je ne comprenais pas que des collègues érudits et cultivés aient pu, du jour au lendemain, professer que les mathématiques sont racistes et virilistes ou que la biologie n’est pas une science. Je crois avoir trouvé une explication dans la formule fameuse de Tertullien, Père de l’Église du IIIe siècle : « Je crois parce que c’est absurde. » Le wokisme, en professant des idées absurdes, tient lieu de nouvelle croyance dans un monde où les religions traditionnelles ont disparu.

Empreint de puritanisme, de manichéisme, serait-ce une forme de protestantisme ?
​Le wokisme évoque en effet les “réveils religieux” protestants américains des XVIIIe et XIXe siècles, qui portent un regard très pessimiste sur un monde dominé par le mal. Chez les wokes, l’équivalent du péché originel est le “privilège blanc”, mais c’est un péché sans pardon possible. Il n’est pas possible d’effacer la “blanchité”, on peut juste devenir “moins blanc”. De fait, tous les auteurs de la théorie critique de la race sont très pessimistes, notamment Ibram X. Kendi qui compare le racisme à un cancer qu’on ne peut espérer guérir. Le wokisme ressemble aussi aux sectes protestantes américaines par ses grandes cérémonies pénitentielles où les hommes blancs s’agenouillent ou lavent les pieds d’hommes noirs. La mort de George Floyd a quelquefois été décrite comme une passion analogue à celle du Christ…

Quel rôle joue la science dans le wokisme ?
​La pensée woke est largement hostile à la science. La théorie du genre est la première à s’en prendre à la science biologique, qui serait paternaliste et sexiste. On en revient à Lyssenko, en Union soviétique, qui estimait qu’il y avait une “science bourgeoise” et une “science prolétarienne”. Quant aux mathématiques, elles sont accusées d’être virilistes et racistes. Un grand mathématicien américain d’origine roumaine, Sergiu Klainerman, juge l’idéologie woke plus nuisible que le communisme qui laissait les mathématiciens travailler en paix.

​Les wokes développent même une critique radicale de la connaissance scientifique, l’“épistémologie du point de vue”. Selon cette philosophie des sciences, il n’y a pas de connaissance objective, tout savoir est “situé” et dépend de conditions de race, de genre ou de classe. On ne peut donc espérer accéder à la vérité. Ils critiquent toutes les valeurs des Lumières, comme l’idée d’une humanité abstraite, d’un individu autonome et d’un progrès de la connaissance.

​Dans les universités, les disciplines traditionnelles sont remplacées par des “études” de genre, de race, etc. qui se caractérisent par leur unanimisme et leur refus de toute pensée dissidente. Ainsi, si l’on est biologiste et que l’on pense que les sexes existent, on ne pourra pas enseigner dans un département d’études de genre. Comme l’a dit Bret Weinstein, professeur de biologie américain, qui fut le seul à s’opposer à l’emprise woke dans son université d’Evergreen, l’Université ne vise plus alors à transmettre le savoir et à apprendre à penser librement, mais à “blanchir des idées” : en faisant transiter des idées absurdes par l’Université, on leur donne une caution et une légitimité.

Ainsi, vous expliquez que la particularité et la force de cette religion sont qu’elle vient de l’Université
​C’est en effet la première fois qu’une religion naît dans les universités. L’Université du XIXe siècle était fondée sur les Lumières et sur la critique rationnelle. Elle proposait une approche rationnelle de tous les phénomènes et pouvait nous mettre en garde contre des religions aberrantes, comme la religion woke, qui est une attaque délibérée contre toutes les valeurs des Lumières, notamment le rationalisme. Le problème tient à ce que, dans la mesure où cette religion woke est née au sein des universités, on voit mal d’où pourront venir les critiques.

Peut-on considérer que cette pensée woke est une pensée élitaire, un délire d’intellectuels ?
C’est une religion des élites, venue des universités américaines de l’Ivy League, qui est devenue aujourd’hui la religion des grandes entreprises, des médias et des Gafam, notamment avec leurs politiques de “diversité, équité, inclusion”. Le psychologue Rob Henderson explique le caractère élitaire du wokisme : alors qu’à l’ère de la consommation de masse la détention d’objets de luxe se répand, le moyen de se distinguer, pour les gens les plus favorisés, est d’afficher des “croyances de luxe”, croyances déconnectées ou absurdes. Il faut, par exemple, vivre dans des quartiers ultra-sécurisés et ne jamais prendre les transports en commun pour parler de “définancer la police”, comme le font les wokes.

Les contestataires sont là, d’autant que les personnes de couleur et les femmes sont les perdantes du wokisme
​Beaucoup d’écrivains ou d’universitaires noirs américains, comme Thomas Chatterton Williams ou John McWhorter, sont les premiers critiques du wokisme, car ils n’acceptent pas d’être traités comme de simples victimes du racisme. Ils veulent être reconnus comme des individus, qui ne sont pas le simple résultat de persécutions qu’ils ont subies, ou n’ont pas subies. Ils refusent que l’on enseigne à leurs enfants qu’ils sont des victimes alors qu’eux-mêmes sont la preuve du contraire. Je cite ce parent d’élève de couleur qui s’insurge que l’on enseigne à son fils qu’il est une victime alors que lui-même ne l’est en aucun cas. Les femmes aussi, en premier lieu les lesbiennes, sont de plus en plus effacées par les militants transgenres qui veulent imposer leur nouveau vocabulaire où l’on ne parle plus de “femmes enceintes” mais de “personnes enceintes”. Le mot “femme” devient un mot que l’on efface progressivement et que l’on ne sait plus définir, comme cette juge de la Cour suprême américaine qui n’a pas voulu lui donner de définition, arguant qu’elle n’était pas biologiste.

« Cette folie communautariste […] pourrait paradoxalement laisser un espoir de sortie de cette course à la victimisation et au communautarisme » : pourquoi ? Comment lutter ?
D’une certaine manière, toutes ces revendications communautaires peuvent être appelées à se contredire. Il y a déjà des conflits entre décoloniaux de diverses origines, entre lesbiennes et trans… Mais le véritable espoir serait que les “gens ordinaires”, comme dirait Orwell, se rendent compte de la folie ambiante et s’efforcent de réagir rapidement.

​La menace est insidieuse mais elle est réelle et d’envergure. Nous ne sommes pas près d’être débarrassés de la religion woke. Elle se déploie grâce à nos lâchetés et nos dénis, il est temps de retrouver notre courage et de lui dire non.

La Religion woke, de Jean-François Braunstein, Grasset, 288 pages, 20,90 €.



samedi 27 août 2022

Quelle est la meilleure méthode pour enseigner ?

 


Existe-t-il une meilleure méthode pédagogique pour aider les élèves à apprendre ? Et si oui, laquelle ? Une réponse importante à cette question nous vient de l’Américain Siegfried Engelmann. Il a développé une méthode appelée "Instruction directe", qui s’est avérée supérieure aux autres lors d’une étude longitudinale menée aux États-Unis pendant dix ans sur 200 000 élèves. Et pourtant cette méthode n’a jamais été adoptée dans les écoles du Québec. Pourquoi ?